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Re-bottes.

Re-bottes


 
 

Les bottes de ma fille. Nooon...! Si. Ne me dis pas, Avisto !... Non, je ne dis pas.... Enfin si, je le dis.


J'ai déjà recollé tout le pourtour des semelles des bottes de ma fille, et ce que j'ai recollé ne s'est pas redécollé. Un bon point. Cela a même plutôt bien tenu. Je n'ai pas recollé à l'arrache, comme un malpropre. Ce n'est pas la question. C'est que... J'ose à peine le dire... Le cuir, censé former la botte proprement dite... Ce n'est pas du cuir. C'est de la toile cirée. Si, si, la même que celle que mon épouse étale sur la table, avant de mettre les couverts. C'est du tissu sur la trame duquel on a coulé une résine souple, genre polyuréthane sans doute. Avec des motifs printaniers. On les nettoie bien, y a pas à dire. Mais de là à marcher avec... Et cependant ma fille ne saurait tolérer autre chose aux pieds que cet infâme imitation de bottines. Et moi donc, colle et re-colle...


En attendant, ce sont les bottes de ma fille qui me font marcher. Figurez-vous que ce qui se décolle, à présent, c'est la résine, de sa trame de tissu. Si, vous avez bien entendu : on voit très nettement le tissu beige, décollé de la résine, noire. Alors j'en suis à recoller une trame de tissu sur sa résine, laquelle a déjà été recollée à la semelle par mes soins attentifs et minutieux, Ooooh Yeah ! Je refais tout le travail d'usine, mais artisanalement Alléluiha et Rock and Roll ! Car bien entendu, ma fille n'entend toujours pas se séparer de ses putains de bottes d'hirondelle. Alors je ressors mes putains de serre-joints d'hirondelle. Et ma colle. Puisque je ne peux pas user de mon poste à souder.


C'est sûrement comme ces vieux doudous des mômes, usés et puants jusqu'à la trame, relavés mille fois, hideux et méconnaissables, qu'il n'est certainement pas question de remplacer par un nounours tout neuf. Ah que non ! Jamais de la vie ! Non mais ça va pas la tête ! Où t'as vu jouer ça ! Un doudou qui tient plus de la cagarine que du doudou, dont on ne devine même pas qu'il fut un jour un doudou  neuf et mignon, cela ne se remplace pas, les siècles dussent-ils s'ajouter aux siècles. J'ai beau dire à mon épouse : mais achète-lui des nom de dieu de bottes en cuir pleine vachette, ou en chevreau, ou en daim, ou en n'importe quoi de ce même métal, mais qui serve à faire des bottes, pas des napperons de cuisine. Ah mais non. Jamais de la vie. Cà va pas la tête.


Parfois j'ai envie de lui remplacer sa toile à napperons – j'aurais plus vite fait – par du pneu, bien usagé bien lisse, qu'on n'aille pas voir sur le dessus le dessin antidérapant. Qui ne ressemble pas à une semelle qu'un cordonnier fou aurait cousue à la place de l'empeigne! Au moins la trame serait en fils d'acier. Mais il faudrait que le pneu soit vraiment usagé bien lisse, qu'on n'aille pas prendre le dessus de la botte pour la semelle. Enfin, je ne sais plus quoi faire, moi. Je suis à bout d'expédients. A la rigueur, acheter de la toile cirée, mais solide quoi. Tant pis pour les couleurs, elle aurait juste des bottes de printemps. Ah mais non. Elle veut cette toile cirée-là, et pas une autre. Pas de la solide. Pas du costaud. Ce serait trop simple.
J'en suis à me demander s'il ne faudrait pas que ma fille cesse un jour de me prendre pour superman ou Mac Giver. Qu'elle se dise enfin que son père est un mec tout à fait ordinaire, et susceptible de sombrer dans un immense désespoir, incapable de recoller de la résine à de la trame en je sais même pas quoi. Je sais faire pas mal de trucs quand même, comme siffler avec les doigts, mais pas tout. Par exemple je ne sais pas corriger le délire d'un type, voire d'une association de types à la responsabilité limitée, qui ont boulardé de faire marcher les gens dans des pompes en toile cirée. Pourquoi pas en polyane tant qu'ils y sont. Tiens, j'ai du plastique de serre, c'est à peu près la même chose. On peut en mettre sur la table, en guise de napperon. Cà le fait aussi. Il existe même des nappes en papier. Qu'on jette après usage. Ah mais c'est donc çà ! Ma fille n'a sans doute pas vu, dans la boîte à chaussures, au moment de l'achat, ou du déballage, le papier mode d'emploi qui préconise de jeter les bottes après un seul et unique usage. Et elle veut s'en resservir plusieurs fois. C'est ça, l'erreur ! C'est comme le Sopalin : il faut le jeter après s'être mouché. Sinon, à la longue, au bout de quelques jours, il finit pas se trouer. Et on se mouche dans ses doigts. Pareil pour les bottes. On marche une fois, pas trop loin, après on est sur le bitume. Si ça se trouve, elles sont même biodégradables, ses bottes. Ou comestibles. C'est fait pour marcher une fois, après on plante une laitue dedans, et on la met sur le balcon. C'est décoratif en plus, sur le balcon. A mesure que la laitue pousse, la botte fond. Evidemment puisqu'elle nourrit la laitue. Après, on mange sa laitue, enfin sa botte, et le cycle naturel est bouclé. Ah dis donc, qu'est-ce que c'est beau le progrès. Je n'y avais pas pensé, à tout ça. Tiens, au lieu d'aller travailler en salopette au jardin, je me fabrique un salopin en Sopalin et quand j'ai fini, hop, j'enfouis mon salopin dans le sol et en même temps c'est un apport d'humus, d'engrais organique.


Mais c'est qu'elle va me rendre chèvre, ma fille. Je vais bien finir par les lui brouter moi, ses bottes. Allez va danser pieds nus, va. Y en a plus de bottes. Bouffées les bottes. Y a pus.

 

L'humour est la respiration du sérieux, 

il signe notre supériorité sur la pesanteur du réel. (Trouvé dans le caniveau).

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