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Mon débile.

Mon débile.

 

 


Je faisais ce matin le tour de ma connétablie... Ah pardon, veuillez m'excuser, mais j'ai toujours rêvé d'être Connétable. Comme Du Guesclin. Mais si, vous savez bien, le responsable des écuries du roy ! On a bien le droit de rêver, tout de même. Je chevauchais mes terres en compagnie de celui qui ne me quitte jamais, mon fidèle débile, celui qui sommeille en moi. Il est aussi mon lecteur le plus assidu puisqu'il lit mes texticules par-dessus mon épaule à mesure que je les écris. Mais comme il est un peu demeuré, il s'endort parfois du sommeil de l'innocence et me fout la paix quelque temps. Bref, il est mon double, mais à l'envers : c'est pourquoi je l'appelle Sanedotsiva.


Tenez, voyez, en ce moment même il vient de m'objecter qu'il ne comprend pas pourquoi je l'embarque à cheval. Faut s'habituer, c'est tout. Je ne vous ai jamais parlé de mon lecteur débile ? Celui qui me truffe mes histoires de commentaires ineptes ? Ah mais c'est un oubli qu'il est temps réparer sur le champ. Ne serait-ce que parce qu'il me sert souvent de faire-valoir. Comment, en effet, sans lui, pourrais-je paraître intelligent ? Enfin plus que lui. Quoique... (J'aime bien quoiquer)...


C'est un lecteur qui habite en permanence dans un coin de ma tête, qui ne paie ni loyer ni charges et qui souvent, pour ne pas dire toujours, lorsque je me la pète, quand je me la raconte ou que je m'énerve les nerfs, me sort une stupidité pas possible qui désamorce, qui me fait l'effet un seau d'eau glacée à la gueule et qui nettoie les miasmes de ma suffisance, de mon psychisme ordinaire ce qui fait que sans lui, j'en serais à exercer la même bêtise qui m'horripile chez autrui, par exemple, mon débile. Parce qu'attention ! Lorsqu'on veut mettre en évidence la bêtise d'autrui, on est soi-même guetté par le même risque vu que l'on n'est pas très différent de lui par ontogénèse. Et cela, il ne faut jamais le perdre de vue, soit-on myope ou astigmate. D'ailleurs la bêtise c'est comme l'intelligence : c'est quoi au juste, hein ? Bien malin celui qui en aurait fait le tour. Mais oui, c'est de toi que je vais parler aujourd'hui. Voyez ? Il ne me lâche jamais. Il doit sentir qu'aujourd'hui est venu son jour de gloire, alors il ne tient pas à se laisser voler la Une.


Donc, mon débile, je l'aime bien au fond. D'abord parce que j'aime bien les débiles, les fous, les cinglés en général, sans lesquels on ne saurait jamais faire la différence avec le bon sens. Plus du tout de bêtise sur terre ? On rirait de quoi alors ? Mon dieu, préservez-nous de la bêtise mais laissez-la nous. Remarquez on est toujours le con de quelqu'un. Mais comme on a toujours du mal à se mettre à la place de celui qui vous traite de con... Oui parce que la conversion du regard, faut pas pousser non plus, c'est comme tendre l'autre joue. Et ensuite j'aime bien mon débile parce que les débiles ne sont jamais malfaisants volontairement : ils sont bêtas, c'est tout. Et le mien l'est joliment.


Non je n'ai jamais dit que je l'aimais comme un fils, même si c'est moi qui le produis, qui le génère. Un enfant débile, vous l'aimez plus qu'un autre. Plus que vous-même. Ne me demandez pas d'expliquer, je n'en sais rien. Tandis que le débile qui est en soi, on s'en passerait volontiers. Encore que... Non mais ne te vexe pas... je t'aime bien quand même. Tiens par exemple, je ne laisserais personne te faire du mal. Voilà, c'est pas de l'affection ça ? Je te dirais même que tu finirais très vite par me manquer. Ben oui puisque je partirais tout schuss sur la pente de la bêtise à front de taureau sans même m'en apercevoir. Tandis que grâce à toi... Bon allez tais-toi et chevauche. Eh oui, je vois bien qu'il neige ! Mais après les excès de fêtes, ça fait du bien de se fouetter la gueule au givre. Non ? Non, il trouve pas. Il trouve ça con. Vous voyez que c'est bien de ne pas être toujours d'accord avec soi-même. Cela donne au moins un sujet de conversation. Et pas n'importe quelle conversation : il y a toujours une grande intimité dans ce style d'échange. En général, on se dit les choses franchement, mais sans en venir aux mains. Vous me voyez, me chopant moi-même à la cravate ? L'histoire de Jekill et Hyde, je n'y crois pas. C'est très surfait. C'est artificiel. Le trait est trop appuyé. Tandis que la conversation, ou même des bribes, avec mon débile préféré, celui qui est en moi, c'est une automédication efficace. Enfin la plupart du temps. Non, je n'irais pas jusqu'à parler de psychanalyse, on reste dans la rationalité justement. La psychanalyse c'est autrement pointu. Et l'explication de la psychanalyse parle davantage du psychanalyste que du psychanalysé. Ah t'es d'accord ? Vous voyez qu'il est loin d'être con, mon débile. En dépit des apparences. On fait une bonne équipe tous les deux. Hah ! Vous savez la dernière qu'il me sort, là, mon débile ? "Toi tu risques de finir diabétique : avec tous les sucres que consomme ton cerveau "! Hah, Qu'il est con !


Bref, vous risquez de le voir se réveiller par moments et intervenir en plein texticulage, si ce n'est déjà fait.

 

L'humour est la respiration du sérieux, 

il signe notre supériorité sur la pesanteur du réel. (Trouvé dans le caniveau).

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