Infarctus et camion-benne.

Infarctus et camion-benne.

Je relève dans mon Hebdo favori Rustica - qui est pour moi une mine d'informations sans laquelle j'ignorerais tout de ma planète - je cite :
"... Une étude menée durant 12 ans (douze) , sur 3,4 millions de suédois, montre que les propriétaires célibataires de toutous ont 33 % moins de risques de mourir d'un infarctus du myocarde".

Je vous ferai dire qu'un propriétaire célibataire d'un toutou, suédois ou non,  est forcément quelqu'un de calme. On ne partage pas de façon harmonieuse la vie d'un toutou si l'on est un barreau de chaise, jamais à la maison, ou si l'on veut apprendre à toutou à ne pas caguer dans la cuisine en lui faisant comprendre que c'est mieux dans le jardin, ou ailleurs, mais dans le calme, et sans le terroriser sinon, soit il risque de se constiper et ne vivra pas vieux, soit il va chier de peur dans son pantalon.

Donc, un propriétaire célibataire de toutou, se révélant par la force des choses un être calme et pondéré, a en effet 33% moins de risques de mourir d'un infarctus du myocarde. Mais cela, on s'en doutait.
Où l'information prend la cause pour l'effet, et vice versa.

De surcroît, vous venez d'être témoins que j'ai juste mis trois minutes à faire une découverte médicale sans précédent : les calmes résistent mieux à l'infarctus. Troi minutes. Et pas 12 ans ! (Douze).

Et comme si ceci ne suffisait pas à nous plonger dans des états d'inquiétude susceptibles de nous faire frôler le burn down toutes les cinq minutes, que viens-je à apprendre, à moins d'un centimètre de la précédente info ? Je re-cite :
"Les cotons-tige, c'est fini : les bâtonnets, qui représentent plus d'un million de tonnes de déchets par an, sont souvent jetés dans les toilettes et comme ils ne sont pas traités par les stations d'épuration...." S'ensuit la longue litanie des catastrophes qui mènent à l'extinction de toute vie sur terre.

Veuillez m'excuser deux secondes, il faut que j'aille prendre un cachet. Lequel se retrouvera bien sûr dans mes urines mais qu'y puis-je...? A force de me polluer de nouvelles putrides, il faut bien que je tente aussi de survivre.

Donc... j'essaie de me faire une petite idée de la différence qui existe entre la réalité du monde tel qu'il m'est décrit, et celle que je m'en fais, pauvre de moi.

Un million de tonnes. De  bâtonnets. Ca en fait, du bâtonnet. Je sais, nous sommes nombreux. Mais dites-moi : combien de bâtonnets vous enfilez-vous par jour, dans tous les orifices que vous voudrez. Je ne cherche guère à vous influencer notez-le bien... Dites voir... par jour, combien. Perso, si j'en utilise un par an, c'est bien le bout du monde. Et encore est-ce toujours dans un tout autre but que de me l'enfiler quelque part. Pour moi, ce type d'ustensile ne sert à peu près à rien, je me démerde autrement. Mais bon, admettons que bébé ait besoin pour parvenir à son âge adulte, de soins un peu plus doux, élaborés et méticuleux que les miens. Et puis c'est sûr, je ne suis pas non plus un propriétaire célibataire suédois de toutou. J'ai autre chose à faire, chacun son truc.

Mais vous en déversez combien de seaux par jour, de cotons-tiges, dans les latrines, vous ... ? Pour atteindre un million de tonnes ?  Vous savez ce que ça fait, vous, un million de tonnasses ? Ca fait 500.000 camions-bennes. Soit une file de 50.000 camions-benne à touche touche, sans distance de sécurité.

Je lance donc solennellement  et officiellement (mon goût prononcé pour les adverbes miteux) le concours de l'ingénieux ingénieur qui mettra au point le filtre à cotons-tiges compatible avec les stations d'épuration. Que les suédois célibataires propriétaires de cotons-tige ne manqueront pas d'apprécier.

L'humour est la respiration du sérieux, 

il signe notre supériorité sur la pesanteur du réel. (Trouvé dans le caniveau).

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