Davos.

Davos.

"S'il existe des paradis fiscaux, c'est bien qu'il existe des enfers fiscaux. Si les paradis fiscaux constituent une infamie, c'est que les enfers fiscaux en constituent l'inverse, c'est à dire des paradis. Autrement dit les enfers sont des paradis. Et inversement.

D'autre part, les statistiques annoncent qu'il y a de plus en plus de riches dans le monde, et on présente la chose comme une catastrophe. Pourtant, s'il se trouve de plus en plus de riches dans le monde, c'est que nous finirons tous riches. Et si ce n'est pas là une bonne nouvelle, alors qu'est-ce qu'une bonne nouvelle ! "....

Parvenu à ce point de ma conférence, au sommet de Davos, auquel je fus invité à participer en qualité de chef de l'Institut National d'Etudes Economiques Iconoclastes (INSNATETUECOICO - allez donc trouver des acronymes pareils ! ), je perçus les premiers sifflets que je pris d'abord pour des marques d'admiration de ces dames, quoi qu'elles ne fussent pas si nombreuses et sans doute peu enclines à draguer des membres de cette vénérable institution.

"En definitive, repris-je, une bonne nouvelle est en réalité une mauvaise nouvelle et vice-versa, et dès lors qu'une économie donne des signes de redressement c'est qu'elle ne tardera pas à entrer en surchauffe et à se dégonfler comme..."

- Aux chiottes...! 

Les organisateurs de la conférence, en coulisses, commencaient à m'adresser des signaux de panique, l'index et le majeur formant ciseaux, et m'intimant de quitter l'estrade et les micros. Dans la salle, les mines s'allongeaient, les mâchoires tombaient, comme si je donnais ma conférence à des cordes à linge garnies de gueules de harengs saurs renfrognés.

".... comme des pneus crevés, poursuivis-je"

- C'est toi, le pneu crevé...! Hou...! Sortez-le...!

 " Messieurs... messieurs... A quoi bon nier les évidences ...! Il suffit de voir le bon côté des choses..."

Seul, debout et massif au milieu de l'assistance, reconnaissable à sa houppe orange fluo et à sa veste en tablier de maquignon, le Président Trump m'applaudissait, m'adressant à son habitude des pouces levés. Le Président Macron se tirebouchonnait comme s'il eût été pris de coliques frénétiques.

"L'économie étant avant tout une affaire de confiance..." repris-je encouragé par l'Amérique, tandis que le Président Poutine, indéchiffrable, tapotait son micro d'oreille, intéressé par la traduction, "de confiance... disais-je... où donc trouver l'énergie nécessaire..."

- Dans ton cul...!!!

Les Navy Seals commencèrent à exfiltrer le Président Trump qui ne voulait pas tandis que Christine Lagarde faisait le coup de poing avec un manifestant chaussé de skis qui avait réussi à s'introduire dans l'enceinte du sommet et cherchait à lui faucher son sac à main, coiffé d'une cagoule. Le manifestant, pas le sac à main.

Je me sentis arraché à mon micro par un commando d'infanterie de marine dont on se demande ce qu'il pouvait bien faire à pareille altitude et avant que j'aie compris ce qui se passait, me retrouvai saucissonné dans une couverture de survie et reconduit à mon hôtel.

Le lendemain, les Navy Seals, peints aux couleurs camouflage et casque orné de feuillages, me conduisirent dans le bureau du Président Trump qui m'accueillit comme si j'étais son copain : Hi guy..! 
-Vous..ham.... disez...ham...à Pipi, acheter... ham... excavatrice ameurican you know... Ameurica first...
(Voir : http://avistodenas.over-blog.com/2017/12/demain.html), c'est l'histoire de Pipi).

Et je fus invité sans ménagements à faire ma tournée de conférences aux States. 

Pourquoi eus-je le sentiment de n'être qu'un presse-purée...?

L'humour est la respiration du sérieux, 

il signe notre supériorité sur la pesanteur du réel. (Trouvé dans le caniveau).

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