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Ordre public.

Ordre public.

 


Une tenancière de bar a été verbalisée par les gendarmes zélés pour avoir fumé dans son bistrot, après l'heure de fermeture, tandis qu'elle faisait le ménage.  C'est un délit de fumage ménager. Encore heureux qu'elle n'ait pas dit de gros mots dis donc. Chiéconpute.  Alors là qu'est-ce qu'elle prenait !


Disons-le tout net, je n'ai pas mené l'enquête. L'enquête, ce sont les agents (car je suppose qu'ils étaient deux) verbalisateurs qui l'ont conduite. Nous dirons tout aussi nettement que j'ai le plus grand respect pour les agents de la force publique. Dont certains font un travail éminemment dangereux, comme d'autres verbalisent pour fumage ménager afin d'assurer le repos des citoyens qui se lèvent tôt pour aller bosser. Et même des lève-tard d'ailleurs. 
Mais c'est alors que je m'inquiète. Si des gens que je respecte se mettent à verbaliser pour fumage ménager...même pas accompagné de grots mots ! Moi qui dis des gros mots, en plus !
Parce qu'attention... il y a fumage ménager, lorsque vous faites par exemple brûler des ordures ménagères à la tonne, à grands fourneaux, et fumage ménager lorsque vous pétunez tranquille en faisant le ménage, serpillère à la main, bien calfeutré derrière vos volets clos, après l'heure de fermeture. Mais enfin, n'ergotons pas trop, cela risque de devenir un vrai casse-tête juridique. Un bistrot recevant du public - sinon est-ce encore un bistrot - a une double vocation : recevoir du public, ça on l'a déjà dit et, après l'heure de fermeture, servir également de domicile au tenancier qui a alors parfaitement le droit, après ladite fermeture, de mettre sa femme à la renverse sur le comptoir sans qu'il y ait attentat à la pudeur, surtout si ça lui plaît. A sa femme. Il paraît que ça existe, les fantasmes. Sexuels. Sur le comptoir. Comme pour moi manger des fayots à la louche. Bon, et d'une. Et de deux, si vous commettez un attentat à la pudeur chez vous, à l'intérieur de votre domicile sans ouverture sur l'extérieur mais en oubliant de fermer la porte à clé, hé bien les pandores n'ont qu'à frapper avant d'entrer. Sinon, c'est violation de domicile. Alors qui viole qui en cette déplorable affaire ? Vous êtes bien tranquille chez vous, en train de présenter, après les avoir dûment dépoussiérés, vos hommages du soir à votre épouse, et vlan, voilà pas les archers qui vous tombent sur le râble ! Qui attente à la pudeur de qui, hein ? Voulez-vous me le dire ? Or il s'agit ici, mesdames et messieurs, non pas d'atteinte à la pudeur, mais de fumage ménager sans intention de choquer. Eh bien c'est pareil : vous faites chez vous ce que vous voulez, dans la sphère privée, du moment que vous ne mettez pas le feu au quartier.


Ah nom d'une pipe, qu'est-ce que j'aurais fait un bon avocat moi ! "Messieurs les jurés, vous tiendrez compte du fait que ma cliente, cette malheureuse, n'a rien fait que vous n'eussiez vous même fait chez vous si vous étiez fumeurs ou amoureux. Et peut-être même les deux parce que parfois, quand on est amoureux, ça fume. Ma cliente éplorée vous promet (là je mets le paquet sur la repentance et la main sur le coeur) de ne plus faire l'amour sur le comptoir. Ni même ailleurs si vous voulez. Ou alors de ne le faire que sous le baldaquin et dans une valise afin que les gendarmes qui entrent n'en soient pas incommodés. Vous ne serez donc pas surpris, messieurs les jurés, que je plaide la relaxe pure et simple assortie d'un large sursis". Avocat ! Quel pied ! Surtout lorsque la cause est aussi avariée !


C'est un peu comme ces élus de la région italienne du Piémont qui "se déchirent sur l'idée de lancer une campagne en faveur du nudisme"! Je cite n'est-ce pas, ce n'est pas moi qui délire.
A compter d'aujourd'hui et avec effet rétroactif, déshabillez-vous ! Allez hop, tout le monde à loilpé dans le Piémont ! Allez faire vos courses à poil, les pompons à l'air, personne ne vous dira rien, au contraire. C'est même un acte citoyen. Même à la gendarmerie, vous pouvez aller, nus comme des vers. A condition toutefois de vous munir de vos papiers. Ah ça, vous les fourrez où vous voulez, les papiers, dans le bandana, mais prenez-les. Sinon...


Lorsqu'on connaît l'impact sur le public à temps de cerveau disponible d'une campagne de pub multimédia rondement conduite en faveur du nudisme, on se dit : je te donne pas huit jours avant que tout le Piémont circule à l'état natif. Même les natures mortes. "Ah ben oui Monsieur ! Si vous la laissez pendre au-dessus du tiroir-caisse, aussi, quelle idée" !  Ils vont vite déchanter les piémontais avec les accidents du travail. C'est sûr qu'entre marteau et enclume, il ne faut pas mettre n'importe quoi. Oui, déjà que sur un doigt ça fait mal. En principe on y laisse un ongle, alors ne vous plaignez pas !


Non ! Que le naturisme soit toléré, mille fois d'accord, on ne peut pas mettre systématiquement une prune à tout quidam qui montre les siennes. Mais de là à faire une campagne d'incitation, en faveur, comme qui dirait obligatoire, c'est organiser délibérément la traque aux timides. Aux pudiques. Or être pudique, c'est un droit de l'homme. "Parfaitement messieurs les jurés, mon client n'ose pas montrer la sienne en forme de spatule et c'est son droit inaliénable, qui ne saurait le placer en infraction à la législation naturiste piémontaise. Je demande par conséquent la relaxe de sa spatule et qu'une clause de sauvegarde soit annexée à la loi en faveur des personnes atteintes de difformité. Elles auront droit désormais à un cache-nez".
Heureusement qu'on n'a pas de ça chez nous dites donc. Quoique chez nous : "Que personne ne bouge ! Votre compte est bon : fumage ménager en disant des gros mots sur toute personne en raison de sa race, sa couleur, sa religion et son whisky préféré doublé d'attentat à la pudeur! Ca va chercher loin ça".

 

L'humour est la respiration du sérieux, 

il signe notre supériorité sur la pesanteur du réel. (Trouvé dans le caniveau).

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